casaPICO

Réalisation 2011-2013

Le corset du droit de la construction et le rez-de-chaussée urbain

Le terrain représente un défi en raison de sa situation topographique particulière et des contraintes imposées par le droit de la construction. Au pied de la colline de Viganello et du Monte Brè, il est situé entre deux rues de quartier qui se trouvent à des altitudes différentes. Entouré de maisons ponctuelles très proches les unes des autres, le bâtiment donne sur l'espace libre d'un parc urbain, tandis que le lac plus éloigné n'est visible que depuis les étages supérieurs. La forme de la parcelle, un polygone irrégulier de seulement 1000 mètres carrés, détermine, outre les distances aux limites imposées, le corset conceptuel du projet. Le projet utilise plutôt les contraintes du droit de la construction et la forme polygonale de la parcelle pour trouver un nouveau langage formel.

En outre, le rez-de-chaussée reste entièrement ouvert. Celui-ci est traversé par une promenade publique qui thématise le dénivelé entre les deux rues en invitant à la pause et à la contemplation. Elle relie les différentes parties du programme et les entrées correspondantes, créant différents degrés d'ouverture au public. Des puits de lumière, dont les grilles laissent entrevoir l'étage souterrain du parc, soulignent le caractère artificiel du terrain. Le niveau côté ville sur la Via Vicari est enrichi par la présence transparente du bureau d'études, un corps de verre horizontal glissé sous l'immeuble d'habitation et qui s'avance jusqu'à la rue.

Structure et inventivité

Dans la Casa Pico, la structure statique et l'idée de conception forment une unité indissociable. Deux éléments muraux en forme de T, semblables à des disques &ndash ; ils portent comme une table les plafonds des étages &ndash ; structurent l'espace intérieur domestique en séparant les zones plus intimes des chambres des enfants et des parents de l'espace intérieur central fluide. En rigidifiant les plafonds, ils absorbent les forces de poussée horizontales, ce qui a permis de renoncer à des poutres qui auraient réduit la hauteur libre. La structure choisie donne en outre un haut degré de flexibilité dans la répartition intérieure, ce qui permet de créer un ou deux appartements par étage. Le long des murs extérieurs, de fins poteaux accompagnent le plan organique qui s'ouvre en éventail dans toutes les directions.

L'expression architecturale sobre de l'enveloppe et des espaces intérieurs ainsi que l'utilisation de quelques matériaux seulement (béton, verre, bois, MDF et terrazzo) mettent en valeur, avec une clarté rationaliste, les différents éléments de construction et leur fonction tectonique. Ainsi, la façade polygonale se compose d'éléments utilisés de manière additive : des coursives horizontales et des éléments de façade verticaux qui, en tant que surfaces opaques ou transparentes, occupent chacun toute la hauteur de l'étage. Leur légèreté filigrane est soulignée par les découpes des planchers, leur matérialisation marque une distance conceptuelle par rapport à l'environnement minéral du quartier. Ces caractéristiques de conception et d'autres, comme le jardin commun sur le toit, très apprécié des habitants, illustrent l'origine rationaliste du projet. La forme et la typologie rappellent aussi bien les constructions d'Alvar Aalto que la Casa Torre de Rino Tami, située à proximité.

Rapport explicatif des Ingegneri Pedrazzini Guidotti Sagl pour la soumission au Ulrich Finsterwalder Ingenieurbaupreis 2015